Crédit photo : Nicholas Calcott
Nous voulions vous présenter un lieu qui nous a particulièrement marquées ces derniers temps lors de nos pérégrinations de veille créative. Le Zero Waste Bistro, initié par l’institut culturel finlandais de New-York. Certes, la référence ne date pas d’hier, mais à notre sens, cet espace est la belle incarnation d’un projet éco-conçu ET au design réussi.
Ce qui est intéressant dans ce pop-up mis en place lors de la NYCxDESIGN festival, c’est qu’au delà de son look singulier et très réussi, il y a une vraie démarche. Tout y a été pensé de façon circulaire :
Petit tour rapide des ingrédients de ce projet.
Une seule matière a été utilisée pour construire ce restaurant temporaire : le Tetra Pak, ce matériau multicouches qui sert à faire des briques de lait.
Les panneaux sont réalisés par broyages et en couches successives agglomérés.
En le broyant et en en créant une nouvelle matière, on ouvre le champ des possibles.
Pas de choix de coloris, mais plutôt un parti pris d’accepter la matière telle qu’elle est et d’en faire une force. L’intérêt, c’est également d’avoir une matière à deux échelles. De loin, un bleu moucheté. De près, plus de nuances avec même quelques codes barres par ci par là.
Crédit photo : Nicholas Calcott
Le résultat, visuel et graphique, est très fort, avec une mise en oeuvre facilitée par l’adoption d’une mono-matière pour la coque.
Au-delà du visuel, une qualité souvent oubliée dans la restauration, qui a pourtant toute son importance, la qualité acoustique du Zero Waste Bistro. Cela prouve bien que l’on peut faire bien, avec peu, de façon responsable.
Les panneaux sont fabriqués dans l’Iowa, par l’entreprise Continuus Materials. Cette entreprise est spécialisée dans la transformations de rejets / déchets en nouvelles matières destinées au bâtiment.
Nous ne parlons pas ici de recyclage car ce terme nous semble inadapté pour cette matière.
Contrairement aux apparences et à ce qui est communiqué, il n’est pas simple de recycler les briques de lait. Les différentes couches qui constituent le Tetra Pak sont toutes recyclables séparément. Seulement, elles sont assemblées thermiquement les unes aux autres. Pour que le Tetra Pak soit recyclable, il faudrait pouvoir les séparer, qui plus est à une échelle industrielle dans les centres de tri.
Nous préférons donc parler là d’une manière de stocker les produits en fin de vie.
Nous nous interrogeons d’ailleurs sur « l’après » de ces panneaux… Comment offrir une troisième vie au Tetra Pak ?
Pour la création du mobilier du restaurant, Linda Bergroth, a choisi de mettre en avant le Durat, un plastique finlandais issu du recyclage et également recyclable. Cette designer, au-delà du lieu, a également co-signé la vaisselle du restaurant.
Durat est une entreprise finlandaise qui s’inscrit dans une démarche circulaire. Elle récupère sa matière, afin de pouvoir la remettre sur le marché une fois “restaurée”. Parallèlement, c’est une matière réparable puisque si des rayures ou chocs apparaissent, un coup de ponçage et c’est reparti !
L’entreprise s’engage d’ailleurs parallèlement en reversant une partie des ventes de ses mobiliers à l’association “Nettoyer la mer Baltique”.
Par ailleurs, son caractère moucheté confère une cohérence avec l’enveloppe, tout en permettant une résistance et un usage plus intensif, indispensable pour du mobilier de restauration.
Crédit photo : Nicholas Calcott
Le concept global du Zéro Waste Bistro a été construit autour d’un modèle circulaire inspiré de Nolla. Ce restaurant finlandais est le premier restaurant zéro déchet de nos amis nordiques.
En complément des produits locaux et biologiques, l’engagement était d’utiliser des denrées généralement non utilisées car non conformes aux critères de vente standards. Le Zéro Waste Bistro refusait les emballages de la part de ses fournisseurs.
Autre aspect, le workflow a été pensé de façon collaborative et dans un soucis d’économie des ressources dans la gestion des déchets.
Ce pop up prouve sa cohérence et son engagement de A à Z jusqu’au choix de la vaisselle ou aux autres contenants. Les matériaux qui les composent ? Le Sulapac, une matière qui est composée de bois issu de forêts gérées et de bioplastiques biodégradables. Les gobelets sont en Kotkamills. Ils s’affranchissent de la pellicule plastique, désastre pour le recyclage, en créant un matériau recyclable sans filière particulière et repulpable.
Crédit photo : Nicholas Calcott